Pour Fernando Ortiz, la musique cubaine dont la majeure partie repose sur le són, est:
» Une histoire d’amour entre les percussions africaines et la guitare espagnole «
Sans doute, mais d’autres amants venues de France, d’Haïti et d’Italie n’ont pas résisté au désir de se mêler, s’entremêler, se livrer, s’offrir, s’enivrer aux jeux de l’amour avec le précurseur du són, le nengón, dérivé des chants religieux des esclaves noirs des plantations de canne à sucre.
C’est ici que la Salsa plonge ses racines. Ici que le tambour africain a succombé au trouble, à la tentation, au désir, de frôler, d’effleurer, d’embrasser, de caresser, de câliner la mélodie poétique espagnole. Ici que les danses élégantes et timorées des salons de la bonne société ont adopté les rythmes noirs plus osés, plus endiablés, aux rythmes plus sensuels que certains qualifient d’expression verticale d’un acte horizontal pour connaître:
Rêve
Trouble
Luxure, fièvre
Attirance, délice
Charme, flamme
Effervescence, jouissance
Désir, soupir, plaisir
Sensualité, suavité, volupté
Cœur à cœur, chaleur, douceur
Amusement, agrément, engouement
Allégresse, liesse, délicatesse, ivresse
Affection, émotion, adoration, passion, excitation
Euphorie, sucrerie, gâterie, cajolerie, câlinerie, envie, fantaisie
Frôlement, attouchement, effleurement, attachement, attendrissement
Tentation, jubilation, satisfaction, délectation, admiration, adulation, sensation
Sentiment, divertissement, contentement, enivrement, étourdissement, ravissement.
Des quartiers miséreux du port de Matanzas aux villages champêtres de la Sierra Maestra, cette union fusionnel n’a cessé de nourrir toutes les formes de musique et de la danse du Són à la Rumba, du Mambo au Cha-cha-cha.
La Salsa, elle vit la nuit, lorsque le soleil s’est enfui sous l’horizon.
Elle peut être brune, blonde et pourquoi pas rousse. Elle peut être au naturel, rouge à lèvres et mascara et pourquoi pas apprêtée comme une couverture de magazine. Elle peut être en jeans basket, jupe légère virevoltante et pourquoi pas victime de la mode.
Qu’importe, elle est celle que tu aimes, celle aux yeux qui pétillent, celle qui scintillent des éclats de lumière venus du fin fond de l’univers.
La Salsa, même si tu ne connais pas tout ses pas, emboîte lui quand même, le pas. Oublie ta timidité, suis là, fais lui confiance, abandonnes toi pour qu’elle s’abandonne, tu la prendras dans tes bras, tu l’embrasseras. Elle te bouleversera.
La Salsa, le diable au corps, elle te prend au creux des reins, puis elle ne te lâche plus.
Elle envoie du lourd, du très lourd. Elle te vise droit au cœur de ses mitrailles rythmiques, le crépitement des maracas, les frappes sèches des congas, les salves mélodieuses de ses claviers, les déflagrations de ses cuivres, des explosions de décibels, un feu d’artifice sonore qui te dévore. Tant qu’il te reste l’envie, une once d’énergie, un souffle de vie, elle te fait tournoyer, tourbillonner, chavirer, la tête dans les étoiles.
La Salsa, elle se parfume à la Pina Colada, au Mojito, et pourquoi pas au Daïquiri.
Elle t’enivre. Elle te donne le vertige. Elle te captive. Elle te foudroie de désir.
La Salsa, c’est des grands frissons, un chamboule tout des sens, jusqu’à s’évanouir de plaisir.
La Salsa, c’est…
Ha! La Salsa.
« Tout le gang était là, ceux de Porto-Rico, ceux de Cuba
Les maquereaux de Harlem, les revendeurs de coke ou de coca
Ceux qui vivent au soleil, avec des femmes blanches dans les villas
Et ceux qui mangent pas, sapés comme des nababs à l’Opéra
La voilà
Une sauce mélo de te quiero mucho et de cafard
Une sauce mais là c’est le Christ qui te saigne pour vingt dollars
Une sauce mêlée de beauté, de souplesse et de conga
Une sauce lamée comme la peau de la fille qui danse pour moi
La Salsa
Tout seul dans la nuit chaude, je la garde serré contre mon coeur
Malgré la mort qui rode, chuchotant quelque chose à son chauffeur
Y’en a marre des palaces, elle s’en va faire des passes pour le panard
Je la suis à la trace, ramassant ses paillettes sur le trottoir
C’est une latine de Manhattan, de la résine de macadam
Un coup de fouet, de haut en bas, qui te soulève, c’est la Salsa
C’est une frangine porto-ricaine qui vit dans le Spanish Harlem
Les reins cambrés au bon endroit, elle est superbe
C’est la Salsa »
La Salsa
Bernard Lavilliers
Superbe éloge de cette danse que j’ai hâte de repartager dans tes bras…..