Alors, un jour vous décidez de partir. Pendant des années vous avez fréquenté tous les salons nautiques, arpenté les stands des constructeurs, fait des risettes aux hôtesses afin de visiter les bateaux exposés, amassé année après année toutes les documentations, parcouru les revues nautiques, lu passionnément les livres de voyage et puis décision prise, c’est l’heure du choix du bateau.
Celui qui correspond le plus à vos critères techniques, esthétiques, émotionnelles.
Celui du chantier qui vous a fait la meilleure impression dans la qualité de la construction mais davantage encore dans la relation humaine qu’il aura su instituer.
C’est fait, vous avez signé pour un bateau qui sortira flambant neuf du chantier, quinze mois plus tard. Puis vient le temps de la construction, de l’aluminium, des câbles, des tuyaux, un moteur, du bois, du composite, de l’électronique, de l’accastillage, des voiles, du savoir faire.
Enfin le moment tant attendu, non je ne rêve pas, c’est bien Saudade, mon compagnon de voyage, au ponton d’honneur, celui de la livraison.
C’est la que tout commence. N’allez pas croire qu’avec un bateau neuf, il vous faudra attendre l’usure ou l’usage pour connaître l’Avarie.
Non l’Avarie, cette sirène aux yeux du bleu profond de l’océan, toute pimpante et guillerette, elle est impatiente que vous fassiez sa connaissance. Alors parée de tout ses atours, elle n’aura de cesse de vous susurrer sa petite mélodie pour vous charmer.
Rapidement, vous apprendrez à la connaître, sans jamais l’apprivoiser.
Ses armes de séduction sont la surprise, l’imprévu, le renouvellement, quelque fois même le harcèlement.
Devant cette femme qui ne demande qu’à être fatale, vous passerez part tous les états émotionnels: l’agacement, l’énervement, le découragement, la frustration, l’incompréhension.
Même pour un personnage de la trempe d’Ulysse, il est impossible de résister aux fascinantes mélopées de la sirène Avarie. Le héros devient comme fou, tente de briser les chaînes qui le retiennent au mat et adresse des regards suppliants à ses marins, pour qu’ils le laissent aller vers celle qui chante si merveilleusement.
Conscients du péril qui les guette, les compagnons d’Ulysse gardent leurs oreilles bouchées et ne font que resserrer ses chaînes en réponse à ses mouvements et à ses regards désespérés.
Ils rament vigoureusement et le navire s’éloigne du danger.
Ulysse est sauf, mais épuisé.
Pour résister, faire face à l’avarie, l’affronter, l’anéantir, un seul remède:
Ne pas paniquer, prendre le temps d’apprécier la situation, décider d’un plan d’actions, agir.
« Le plus grand enseignement que je tire de cette course c’est que quand il y a une galère ou quoi que ce soit, même si on n’a pas la confiance en soi pour le résoudre, si on prend les choses une par une et qu’on les fait le plus honnêtement possible en opérant un peu comme un chirurgien, on arrive à solutionner les problèmes.
Je ne suis pas un bricoleur né, mais j’arrive à faire des choses potentiellement incroyables parce qu’il y a une attention à bâtir un plan pour résoudre le problème.
Il y a une vraie contrainte, mais si on la saucissonne en problèmes, un par un, on arrive à la résoudre. On se sent renforcé, on prend confiance en soi lors d’une aventure telle que celle-là. Il faut se défoncer et le fait de réussir à franchir les étapes une par une, cela donne confiance en soi »
Jean Pierre Dick
Skipper
D’autant que si c’est cassé, cela ne sert à rien. Alors une fois passé le temps des malédictions que cela soit à l’égard du chantier, des fournisseurs, des augures ou de soi même, autant essayer de réparer.
Ne pas céder aux fatalisme, rester pragmatique, sans oublier que l’on ne peut jamais avoir toutes les réponses. D’ailleurs si je peux me permettre une digression, parfois la vie offre plus de questions que de réponses et c’est bien ainsi.
« Ce n’est pas le doute qui rend fou mais la certitude »
Nietzsche
Il n’est pas non plus interdit pour se défouler avant de reprendre son souffle et d’agir, de faire appel au capitaine Haddock:
Flibustiers, moules à gaufres, Bachi-bouzouk, ectoplasme à roulettes, bande d’emplâtres, bougre de phénomène de tonnerre de Brest,
Espèce de satané bazar de fourbi de truc d’Avarie, attends que je te terrasse espèce de chouette mal empaillée, que le diable t’étripatouille.
Vous croyez donc qu’il a du jus de rutabaga dans les veines le capitaine Haddock, ou quoi?
La sirène Avarie, elle est belle, elle a du charme, elle est envoûtante, elle est séductrice, elle est mutine, mais c’est une garce qui ne cherchera qu’à vous épuiser, alors je vous souhaite dans toute la mesure du possible de l’observer, de la contempler de loin, sans l’approcher, encore moins la toucher, ni la caresser…
Coucou Gérald
Des moments difficiles mon papa disait » que tant que l’Homme est debout, la vie continue »
Alors de Jean Pierre Dick tu peux retenir
«… quand il y a une galère ou quoi que ce soit, …on prend les choses une par une et en opérant comme un chirurgien, on arrive à solutionner les problèmes.
Je ne suis pas un bricoleur né, mais j’arrive à faire des choses potentiellement incroyables parce qu’il y a une attention à bâtir un plan pour résoudre le problème.
… On se sent renforcé… lors d’une aventure telle que celle-là. Il faut se défoncer et le fait de réussir à franchir les étapes une par une, cela donne confiance en soi »
Je sais que tu as confiance en toi
Alors bonne route Gérald
Le beau frère
Super texte, et vive le capitaine haddock…
Salut Gérald,
Moi qui adore les contes de sirène, celle là je ne veux pas la voir…
Et si tu la croise n’ écoute pas son chant et change de cap !!!
Bon vent…
Salut Gérard, MarineTraffic m’informe que tu es finalement parti (et arrivé au Cap Vert). J’en déduis que ta bôme est réparée. La sirène doit penser à quelqu’un d’autre …
Accessoirement mon nouveau blog est en ligne : http://www.velvet2.fr
Salut Gerald, je viens de voir pour la premiere fois ton site, c’est génial méme si j’ai cru comprendre quez tu as eu quelques soucis. Tu es vraiment un sacré bonhomme. Le nicois te souhaite de bonnes fétes de Noel.
Marc