Porto Santo

Lorsqu’on arrive à Porto Santo, en quittant les pontons de la marina pour rejoindre le quai, votre regard est immédiatement happé par les peintures qui couvrent la jetée sur toute sa longueur.
La tradition nous vient du port de Horta sur l’île de Faial aux Acores, où il est de coutume pour les voyageurs de laisser la signature de leur bateau. Des dessins, peintures, graffitis, comme des ex-voto pour s’attirer les faveurs, ou pour le moins la clémence de Poseidon.

Tout oubli, ou ignorance serait faire preuve de mépris à l’égard de la providence.
Tout capitaine qui se moque de la tempête, des avis des matelots, des pleurs des passagères, de l’expérience de ses aînés, des légendes ou traditions maritimes, alors son arrogance appellera sur lui la malédiction du bateau fantôme.

« T’es un maudit. Le ciel te condamne à naviguer toujours, sans jamais pouvoir relâcher, ni mouiller, ni te mettre à l’abri dans une rade ou un port quelconque. Tu n’auras plus ni bière, ni tabac, tu boiras du fiel à tous tes repas, tu mâcheras du fer rouge pour toute chique. Tu seras éternellement de quart et tu ne pourras pas t’endormir. Tu seras le diable des mers. Tu courras sans cesse sous toutes les latitudes. Tu n’auras jamais de repos ni de beau temps. »

Ces dessins, peintures, graffitis, disparaîtront avec le temps, comme le sillage de Saudade qui trace sans laisser de traces. Le vent, la pluie et les embruns se chargeront de les faire disparaître comme pour rappeler aux marins que l’Ocean, le grand Océan, Okeanos ne tolère que l’humilité et la modestie.

« J’ai vu tant de choses que vous ne pourriez pas croire, de grands navires en feu surgissant de l’épaule d’ Orion. J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons cosmiques briller dans l’ombre de la porte de Tannhauser.
Tout ces moments se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie.
Il est temps de mourir. »

Blade Runner
Ridley Scott

Puis vient l’heure de la Poncha. Elle aurait pour origine une boisson apportée au dix-huitième siècle sur l’archipel de Madère par les marins britaniques, appelée « panch ».
Une boisson découverte aux Indes par d’autres marins britanniques au seizième siècle.
Le mot « panch » dérivé de l’hindoustani et du sanskrit signifie « cinq » pour les cinq ingrédients du punch indien, soit : thé, citron, cannelle, sucre de canne et alcool.

L’alcool principal était l’arak, distillée à partir d’alcool obtenu par distillation d’un mélange de riz fermenté, la mélasse et du vin de palme du cocotier ou du palmier dattier.

Breuvage sacré, c’était une boisson complexe et audacieuse qui est bu depuis des siècles par des marins, des explorateurs, et même par des dames…

Aujourd’hui, la Poncha est devenu la boisson traditionnelle emblématique de l’archipel de Madère préparé avec de l’aguardente de canna, du miel d’abeille et de citron vert ou d’orange ou encore du fruit de la passion. Après quelques gorgées, les cœurs se desserrent, les langues se démêlent, et puis apparaissent les sourires aux lèvres qui réchauffent encore plus les âmes.

Le plus grand punch du monde fut confectionné à Lisbonne, le 25 octobre 1694 lorsque l’Amiral Russel invita les équipages de sa flotte.
Il fit construire pour l’occasion, un bassin de marbre gigantesque. On y versa six cents bouteilles d’eau-de-vie, autant de aguardente de canna, mille deux cents bouteilles de vin de Malaga et quatre cents litres d’eau bouillante. Puis en remuant bien le tout, on y versa trois cents kilos de sucre et deux cents kilos de muscade en poudre. Enfin le jus de six cents citrons pressés apporta la touche finale.

En 1731, l’Amiral Edward Vernon, autre officier de la marine britannique de la Royal Navy, parcourant une mer glaciale, eût l’idée, pour réchauffer son équipage, de faire chauffer le Punch en y ajoutant de l’eau et un peu de jus de citron pour lutter contre le scorbut.
Ce mélange fut baptisé « Grog » en hommage au surnom de l’Amiral Vernon qui était « Old Grog ».

Bon après quelques verres, voici venu le temps de la sieste sur la Praia de Porto Santo, l’Ilha Dourada.La plage du Portugal.

Une étendue de neuf kilomètres de sable d’or parsemé de petits grains noirs, vierge et chatoyante, baignée par une eau chaude, limpide cristalline et turquoise.
Une plage de sable d’or sur une île volcanique, non, non, je n’ai pas abusé de la Poncha.
C’est juste que sur la plage de Porto Santo si particulière, le sable se compose de restes d’organismes vivants marins, coraux, coquillages et oursins comme la mémoire d’un récif corallien, présent il y a plusieurs millions d’années.

 

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