Cuba – Mojito & Daïquiri

Mon Mojito à La Bodeguita del Medio – Ernest Hemingway

A tout seigneur, tout honneur, le doyen des deux cocktails cubains, le Mojito.

L’origine du Mojito vient du navigateur Francis Drake, premier circumnavigateur, connu à l’époque sous le nom El Draque, le Dragon, célèbre corsaire anglais qui n’hésitait pas à s’acoquiner avec des pirates ou autres flibustiers et recourir lui même à la piraterie pour son enrichissement personnel. Il finira par obtenir le titre d’Amiral et être anobli par la reine Elisabeth pour services rendus à la couronne…

En 1578, Entre deux pillages, Francis Drake accoste à la Isla de la Juventud au large de Cuba. Dans une taverne, pour fêter le dernier butin avec son équipage, en homme de goût, il aime à siroter des feuilles de menthe pilées avec du citron vert et du Tafia, précurseur du rhum. Une vrai boisson de pirate, musclée, viril et rustique qu’ils appelaient le Draque, l’ancêtre du Mojito.

Ces hors-la-loi des mers recrutent alors une partie de leur équipage en soûlant les jeunes marins Anglais grâce à leur Draque. Les marins de la Royale, trouvant là une façon de boire le trop rustique Tafia séduisante, se retrouvaient trop ivres pour répondre à l’appel et devenaient ainsi déserteurs. Ils n’avaient d’autres choix que de s’enrôler chez ces gentilshommes de fortune avec qui, ils avaient noué des liens amicaux et échangé leur passion pour la mer.

La recette est restée à la Isla et s’est perpétuée jusqu’à se consommer régulièrement sous le nom de Draquecito. Bien plus tard, le règne de la mafia cubaine entre 1910 et 1920 permis de raffiner le rhum et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Alors, s’il en est inspiré, le Mojito n’a été créé ni dans les cales ni sur le pont d’un bateau pirate, mais bel et bien dans un bar de La Havane. Un barman cubain du bar La Concha, passionné par son métier, s’est attribué la paternité de ce cocktail qu’il a élaboré à base du meilleur rhum local de l’époque en apportant un équilibre aux saveurs de son mélange dont il révéla le rituel d’élaboration.

Au milieu des années vingts, le Mojito était devenue la boisson nationale de Cuba. Peu de temps après les Etats-Unis l’adoptèrent, notamment Miami où il atteint une popularité enivrante puis New York et San Francisco.

C’est La Bodeguita del Medio qui lui donnera ses lettres de noblesse et sa notoriété. Ernest Hemingway aimait siroter des Mojitos à La Bodeguita del Medio, mais sans sucre parce qu’il ne digérait pas le sucre non raffiné, ce qui donna naissance au Papa Hemingway car on lui préparait avec du Gustos Maracino, une liqueur cubaine à base de cerises et un zeste de pamplemousse.

 
Mon Daïquiri à La Floridita – Ernest Hemingway

Préparé correctement, un daïquiri est un mélange parfaitement équilibré de trois ingrédients simples, du rhum, du jus de citron vert, du sirop de sucre de canne.

Le Daïquiri est un morceau d’histoire à boire, riche de son patrimoine.
Né dans les champs de canne à sucre de Cuba, où les ouvriers mélangeaient rhum, citron et sucre pour se désaltérer. Il a ensuite servi à apaiser la soif des combattants de la liberté pendant la guerre hispano-américaine.

En 1896, l’ingénieur Pagliuchi visita une mine de fer nommée Daïquiri à l’est de Cuba, où travaillait Jennings S. Cox, un ingénieur américain. La journée de travail terminée, Pagliuchi proposa de boire un verre. Dans le cellier de Cox, il y avait du rhum, des citrons et du sucre. Les deux hommes mélangèrent ces éléments dans un shaker avec de la glace.
Comment s’appelle ce cocktail ? demanda Pagliuchi.
Il ne porte pas de nom, répondit Cox. Pour un cocktail aussi fin et délicieux que le notre nous l’appellerons Daïquiri. L’amiral Lucius Johnson emportera la recette aux USA, où il la présentera pour la première fois au club de la Navy à Washington, officialisant ainsi la recette.

Daïquiri est mentionné pour la première fois en 1920 dans This Side of Paradise, le roman de Francis Scott Fitzgerald au destin, d’insouciance, de larmes, de gin, d’illusions perdues et de sang, offert à la littérature. Un des personnages y consomme quatre double Daïquiris, une décision qu’il regrette après qu’un vieil homme à côté de lui se transforme, par le miracle du rhum, en un curieux zèbre pourpre.

Le célèbre bar au cœur de la havane, El Floridita en fera une boisson prisée, Ernest Hemingway le rendra célèbre :

« Mon Mojito à la Bodeguita. Mon Daïquiri à la Floridita ».

En 1932, l’écrivain américain pèche l’espadon à bord du Anita au large de la côte nord de Cuba. La même année, il s’installe à l’hôtel Ambos Mundo au numéro 153 de la rue Obispo. Il y profitait de la plus belle vue sur la ville et sur la baie. Cet endroit, baigné par la brise de la mer, était idéal pour écrire. Il commença la version finale de son ouvrage, Pour qui sonne le glas, à deux cents mètres de ce bar qui allait devenir l’un des plus célèbres au monde.

Durant toute cette période, et jusqu’à la fin de sa vie, Hemingway réside à La Havane. C’est à cette époque qu’il découvre le Floridita et son daïquiri. Un matin, Hemingway marche dans la rue. Arrivant au coin des rue Obispo et Monserrate, il ne peut résister au charme du Floridita qui l’appelle avec son magnifique bar de bois précieux, les portes grandes ouvertes et les effluves parfumées de rhum.

De ce jour, il arriverait chaque matin aux environs de 10 heures, s’installerait sur son tabouret, le numéro un au coin du bar et de Daïquiri en Daïquiri, il dégusterait, dégusterait, dégusterait…

La raison des critiques littéraires voudrait qu’Ernest Hemingway soit un plus grand écrivain, le cœur pencherait pour Scott Fitzgerald, si je peux me permettre, suivez le cœur.

« On devrait comprendre que les choses sont sans espoir et cependant rester décidé à les changer. »
Francis Scott Fitzgerald

 
PS: A bord de Saudade, c’est le Daïquiri du Capitaine, dans les jolis verres art déco de sa Mamie, jus de citron vert, sirop de canne à sucre de Martinique, Rhum blanc 55° de Martinique servi généreusement et glaçons à foison. En toute objectivité, un vrai régal pour les papilles. Je ne doute pas un instant sans aucune vantardise qu’Ernest Hemingway affirmerait sans ambages:
« My Daïquiri à bord de Saudade »
Et il dégusterait, dégusterait, dégusterait…

 

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