Comme le dit si bien Voulzy :
« Belle-Ile-en-Mer, Marie-Galante, Saint-Vincent, Loin Singapour, Seymour Ceylan
Vous c’est l’eau c’est l’eau, Qui vous sépare, Et vous laisse à part »
Selon la légende, des fées contraintes de quitter la Bretagne où elles avaient vécu pendant de long siècles, éprouvèrent tant de chagrin qu’elles versèrent des flots de larmes. De ces flots naquit le golfe du Morbihan. Elles y jetèrent leurs couronnes de fleurs qui sont devenues les 365 îles et îlots parsemant le golfe. Mais la plus belle d’entre elles, celle de la reine des fées dériva sur les ondes et alla former au large la plus grande des îles bretonnes, la féerique Belle-Ile-en-Mer.
C’est un lieu mythique, Belle-Île qui porte si bien son nom. Une nature généreuse et fascinante offrant au moindre regard des paysages grandioses en CinémaScope, des panoramas en Technicolor, une palette de couleurs et de contrastes à rendre jaloux les Impressionnistes, jusqu’à Claude Monet qui affirmera:
« La mer est d’une beauté incroyable et de peuplée de rochers fantastiques. Je suis enthousiasmé par cette terrible contrée parce qu’elle me pousse à sortir de ce que j’ai l’habitude de faire. »
A Belle-Île, la mer et le vent sculptent le schiste, souvenir lointain d’un volcan disparu. Ils creusent la roche, dessinent tels des architectes de la grande dame nature des arches de pierre, des gouffres ouverts sur la mer, des roches percées, des falaises déchiquetées, des criques, des pointes, des têtes de roches, des îlots, des écueils et même, à la Pointe des Poulains, un cordon de sable qui se fait prénommé tombolo.
Les nuages et le soleil se chargent des effets de lumière dans un spectacle permanent, sans entracte, renouvelé sans cesse, faisant preuve d’une débauche de créativité et d’un imaginaire infini.
Pour la bande son, c’est le ressac qui assure la mélodie, ponctué du chant des oiseaux et du cri des mouettes.
Belle-Île, ce n’est pas que le bord de mer et son sentier des douaniers, ourlé de falaises abruptes, de criques et de plages de sable fin. C’est aussi des bois, des vallons, des ruisseaux, des champs et la lande. La lande, un camaïeu de vert fougère, éclaboussé du mauve des bruyères que l’on dit vagabondes sans doute pour ne pas rester sous la menace des terribles griffes de sorcière à l’apparence charmeuse.
Au large du sentier, des oiseaux marins nicheurs, les goélands qu’il soient argentés, bruns ou marins, les cormorans huppés, les huîtriers pies. Au Long du sentier, les lézards verts qui jouent à cache cache. Sur le sentier, les papillons qui virevoltent.
Alors si vous allez à Belle Île, ne manquez pas d’arpenter le GR 34 qui parcoure la côte. Juste une dernière précision, bien que partant et arrivant au niveau de la mer, ne sous estimez pas le dénivelé de votre randonnée, de la Pointe des Poulains au Port du Palais, vous aurez tout loisir d’admirer trente quatre criques de sable fin mais également d’effectuer quarante cinq montées, des petites certes, mais quarante cinq quand même…
« Vous rêvez de sensations fortes, de rochers noirs battus par les vagues et les vents ?
Vous avez envie de pelouses fleuries comme des jardins et d’une tranquillité à peine troublée par les cris des oiseaux de mer, vous les aurez aussi.
Ici, il faut aimer les contrastes. Ici, même par temps calme, l’océan fait un bruit de tempête.
Ici, commence un monde sauvage âpre et doux.
Ici, flotte l’âme de celle qui y trouva décor à sa mesure, la grande tragédienne, Sarah Bernhardt. »