La gaffe à l’eau, on n’a pas pris le corps mort à Chausey
Chausey la rebelle, on a passé en resquille la nuit à Granville
On a manœuvré par grand vent sans le propulseur à St. Quay Portrieux
Et on a apprécié la gentillesse de la patronne des chantiers Yvin à Roscoff
On a mangé avec délice des moules à la crème et andouilles à l’Aber Wrach
On n’a pas aperçu le moindre bougre de phénomène de moule à gaufres à Brest
On a vu les dauphins joueurs nous accompagner jusqu’à l’entrée de Lesconil
Et on a tiré un seul bord au bon plein pour rallier Port Tudy
On a admiré 34 criques de sable au long de 18 kms de randonnée à Belle Île
Le mat a tutoyé le pont de l’île de Ré pour embouquer le chenal de La Rochelle
On avait le cœur serré en longeant les jetées du Vendée Globe aux Sables d’Olonne
Et on a dévoré des huîtres et des sourires chez La Jane sur un quai de Noirmoutier
On a trouvé une petite, toute petite place au port du Palais à Belle Île
On a dansé la fièvre du samedi soir à la descente des marins à Lesconil
On a vu le soleil se lever sur l’île de Batz avant de s’amarrer à Roscoff
Et on a viré la Cardinale Est de La Moisie pour éviter le plateau des Échaudés à Paimpol
On est retourné gaffe en main, prendre un corps mort, même deux, dans le Sound de Chausey
On a surfé dans le passage de la déroute sous force 7 jusqu’à la grande rade de Cherbourg
On s’est baigné de lumières aux reflets d’argents à l’Aber Wrach
Et on a apprécié l’arrivée de l’été sur les façades des maisons peintes par les pêcheurs de Sauzon.
On a retrouvé, non sans émotions, les lieux du baptême de Saudade lors du Grand Pavois de La Rochelle.
On a jeté l’ancre pour la première fois dans notre première ria Galicienne à Cedeira.
On s’est régalé de poulpes, calamars, chipirones, pimientos de Pedron dans les ruelles de la vieille ville à La Corogne.
Et on a échangé des clins d’œil enamourés avec une baleine de Minke, faisant route sur Camarinas.
On s’est souvenu respectueusement des grands découvreurs d’océans en admirant la Pinta à Baïona
On a gouté les vins : rouge, blanc, rosé, Vintage, Ruby, Tawny, Colheita, chez la maison Calem à Porto
On est monté à pied, monté en funiculaire, monté en tramway, monté en ascenseur, bref on est beaucoup monté tout au long des collines de Lisbonne.
Et on a marché sous un soleil de plomb pour trouver la poste de Portimao.
On a ouvert grand les yeux dans la brume du Cabo Trafalgar à l’entrée du détroit de Gibraltar pour rejoindre Almerimar.
On a apprécié la gentillesse et la débrouillardise de Carlos à Peniche
On n’était pas peu fier d’être amarré au ponton d’honneur au real Club Nautico de Palma la semaine de la Copa del Rey à Palma de Majorque.
Et on a pensé fort à Antoine de saint Exupéry, disparu jour pour jour, soixante dix ans avant notre arrivée à Alghero.
On s’est trouvé bien petit au mouillage dans notre cala pour passer la nuit sous l’imposant Capo Caccia.
On a contemplé un pécheur traditionnel jetant ses filets à l’ancienne depuis son pointu aux alentours du passage Fornelli.
Le temps avait suspendu son vol et l’horizon avait disparu au large de l’ile d’Asinara avant de mettre le cap sur Baia di Santa Reparata.
Et on a pris le temps d’un partage amical autour d’un petit déjeuner non pas continental mais maritime dans la baie de Saint Cyprien.
On a dégusté avec délice un hamburger au thon mi cuit à la Playa Baggia non loin de Santa Giulia.
Les courants ont accumulé sables et galets en cordons et façonné les courbes sensuelles de la baie de Rondinara.
On a frissonné, à l’écoute des oiseaux marins qui piaillent la nuit comme des nouveau-nés pour les âmes des marins de la Sémillante aux Lavezzi.
Et on a embouqué, dérive relevée, le passage de l’homme mort pour apercevoir la plage Rose sur l’Archipel de la Maddalena.
On a patienté à la VHF, patienté au bureau de la marina, patienté pour le plein de gazole, enfin on a patienté à Ajaccio.
On a saturé notre regard des figues de barbarie couvrant, à perte de vue les collines de Cargese
On n’a pas emprunté le sentier des ânes mais la grande bleue pour rejoindre Girolata
Et on est resté au mouillage, l’ancre bien plantée dans le sable à la Presqu’île de Giens.
On a péché par gourmandise en dégustant les chichi fregi d’un port au nom qui claque, L’Estaque
On a été saisi de vertiges en pénétrant à l’intérieur de La Sagrada Familia à Barcelone.
On a admiré l’architecture, moyenâgeuse, baroque, rococo, art nouveau, art deco, du cœur de ville de Valence.
Et on a testé, déchargé, testé puis changé les batteries à Almerimar.
On a pris goût à la Poncha, où miel, orange, citron, s’enivre d’aguardente de cana à Porto Santo.
On s’est laissé charmer l’espace d’un instant par la sirène de la rua Santa Maria à Madère.
On a été époustouflé par les belles étendues parsemées de demi-lunes de pierre dans lesquelles la vigne est cultivée sur du sable volcanique à Lanzarote
Et on a entendu avec délice l’eau chanter, chuinter, susurrer, le long de la coque jusqu’à la Gran Canaria
On a vibré d’émotions à la vue du souffle de trois cachalots qui croisaient au large des côtes de Tenerife.
On a profité toute la nuit de son passage pour se confier à la pleine lune avant de s’amarrer à La Palma.
Et on avait le cœur serré après avoir rêvé, tant rêvé de voguer jusqu’au Cap Vert, sur l’ île de Sao Vicente, à Mindelo.
Sur une inspiration de la chanson de ZAZ