Au Revoir

Dans mon récit d’une Vague à l’Autre, qui relate mes souvenirs de la Marine Marchande, je mentionnais combien le départ peut être douloureux :

« Je quitte ma famille, mon enfance, ma jeunesse.
La jeunesse, c’était le square Séverine et son toboggan à deux étages, le square Ménilmontant et ses parties de billes endiablées qui donnaient vie au tour de France, le parc des Buttes Chaumont et sa piste de patins à roulettes, le maillot rouge et vert flanqué du numéro sept du C.A. Montreuil, les recettes de cuisine de maman, les chamailleries avec ma petite sœur, la devise du maréchal Lyautey.

Toute la famille au complet sur le quai, papa, maman, petite sœur et moi.
L’ambiance est morose comme celle d’un soir de crachin breton, les cœurs sont lourds et emprisonnent les mots.
La vie me confrontera à de nombreux départs. Que cela soit sur des pas de porte, des parkings, des quais de gare, des aérogares, des enceintes portuaires, je ne m’y ferai jamais. J’ai tellement aimé partir tout en détestant la rupture. Le
déchirement affectif comme un rite initiatique à la découverte de soi-même, d’un autre ailleurs, comme un passage pour tenter de devenir adulte sans avoir vécu l’adolescence, comme une tentative pour comprendre ou plutôt accepter qu’à partir de notre naissance, la vie n’est plus qu’une question de temps.

Plus tard, ma petite sœur me contera son retour avec papa. Une nuit d’automne maussade, de la buée sur le pare brise, des esquisses de larmes sur le rivage de quatre yeux, la Simca 1500 bleu marine louvoie comme une âme en peine dans les rues de l’est parisien et les écueils sentimentaux. »

Une semaine après avoir largué les amarres de Saudade du port de l’Estaque près de Marseille, je me remémore ce texte, d’autant plus que Je dois vous avouer que cette première semaine était chargé d’émotions et ce n’est pas rien de le dire.
Je n’ai rien à changer de la description de mon ressenti d’alors, sauf à choisir un autre mot que quitter, sans doute trop définitif.
Au Revoir, serait sans doute plus approprié mais alors bon dieu que c’est douloureux un « Au Revoir » auprès de ceux que j’aime.
Que la Bonne Mère protège ceux que j’aime.

consultez également

La Sagesse des Amérindiens

Les Amérindiens vivaient en symbiose avec la Nature. Les Amérindiens avaient pleine conscience d’être partie …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *