Les Tuamotu – Les Perles

Il était une fois les perles fines, trouvées dans les huîtres pêchées, elles sont extrêmement rares et leur valeur sans commune mesure. La maison Cartier, à la fin du XIX° siècle, acheta l’immeuble qu’elle occupe toujours aujourd’hui sur la cinquième avenue à New York, en vendant un exceptionnel collier de perles noires.

La perle de Tahiti plus rare, plus belle, plus exotique encore que les perles blanches provenant du golfe persique, de Chine, de Ceylan ou des côtes d’Afrique orientale, était déjà la reine des perles. La perle de Tahiti, elle provient des Tuamotu.

Autour de moi, au cœur du vaste Pacifique aux milliers d’iles, la Polynésie française et ses cinq archipels, ses cent dix huit iles. Tahiti à deux jours de mer, l’archipel des Marquises à cinq jours de mer et toutes les autres iles entre plusieurs jours et plusieurs semaines, où que l’on aille vers l’horizon.

Et là, tout autour de nous l’archipel aux soixante dix huit atolls, les Tuamotu. Un chapelet de perles déposées au gré de l’érosion des volcans effondrés sur eux mêmes pour laisser place au lagon enchâssé dans les couronnes de sable et de corail.

« Pendant que le génie Maui tirait de la mer les iles de la Société, en les pêchant à la ligne, un autre génie Te-kura-i’-te-atua se servait d’une trombe pour former les iles Tuamotu. Cette trombe faisait tourbillonner les flots et remuait tellement le fond de l’océan dans certains endroits, que le sable s’y amoncela et forma ainsi les lagons »

Les anciens chinois croyaient que les perles étaient conçues dans le cerveau des dragons et que ceux-ci les conservaient entre leurs dents. Le seul moyen d’obtenir une perle était donc de la prélever sur un dragon mort.



Certains écrivains hindous lient l’existence des perles avec les nuages, les serpents, ou avec les sangliers sauvages et, plus rarement, avec les huîtres elles-mêmes.

Les grecs et les romains pensaient que les perles étaient issues de gouttes de pluie ou de rosée qui s’étaient introduites dans les huîtres.

Les contes perses relatent que les perles sont le fruit de la rencontre entre la Terre et un arc-en-ciel.

A Ceylan, une légende raconte comment les pleurs d’Adam et Eve donnèrent naissance à un lac. Y naquirent des perles blanches et roses des pleurs d’Eve, tandis que des perles grises et noires, bien plus précieuses et rares, naquirent de celles d’Adam.

D’autres affirment que la lune inonde l’océan de ses rayons pour attirer les huîtres à la surface et ainsi les imprégner d’une rosée bénie des dieux.



Selon la légende polynésienne Oro, le dieu de la paix et de la fertilité, descendit sur Terre sur un arc-en-ciel, cette passerelle éphémère qui relie les dieux et les hommes, pour offrir à ces derniers une variété d’huître singulière.

Te ufi est le nom donné à cette huître perlière, un mollusque qui secrète de la nacre dont la couleur varie du gris au noir. Certains disent qu’en signe d’amour, Oro offrit la perle issue de cette huître à la belle princesse de Bora Bora. On dit aussi que Okana et Uaro, les esprits du corail et du sable, ornèrent Te Ufi d’une cape aux mille couleurs des poissons de Polynésie. Celle-ci lui conféra toute une palette de couleurs pour orner ses perles. 

La perle de Tahiti, symbole d’espoir qui habite le cœur blessé des Hommes.


Les plus mesquins affirment que la perle est née d’une erreur de la nature : un grain de sable serait entré au cœur d’une huître, la nacre aurait recouvert l’intrus et donné naissance à une perle de forme ronde.

Je me souviens d’une journaliste parisienne qui écrivait pour des revues de luxe sur papier glacé. Elle affirmait de façon péremptoire qu’aujourd’hui les perles proviendraient de fermes situées dans les lagons des Tuamotu et des Gambier contenant jusqu’à deux millions d’huitres, âgées de cinq à neuf ans où se pratiqueraient des greffes à longueur de journée.

Mais pourquoi pas ? Elle devait me prendre pour un bougre d’amiral de bateau-lavoir.
Cela paraît tellement farfelue. Cependant afin de préserver toute objectivité à mon récit et pour vous permettre de vous faire votre propre idée, je relate ici la teneur de ses propos mais que les choses soient bien claires entre nous, sans que cela ne m’engage en aucune manière.

La journée commence toujours par aller chercher les collecteurs attachés aux stations, les supports d’élevage sous-marin, situés à 7 mètres sous la surface du lagon, profond d’environ 40 mètres.

A ces collecteurs sont attachées des nacres, qui sont ramenées pour être greffées à la ferme. Une fois greffées, elles repartent sur les lignes, dans le lagon. Les nacres reviennent alors trois mois plus tard, afin d’être installées sur les plateformes de la ferme, dans une zone où le lagon est peu profond.

Là, elles subiront une séance de nettoyage effectuée par les poissons, qui se régalent des petites algues et coquillages collés sur les nacres. Il est en effet primordial de libérer les nacres de ces parasites, car ils empêchent la nacre de filtrer l’eau, donc de bien se nourrir, ce qui nuit à son développement. Il faut compter une journée pour que les nacres soient propres.

Dès que les nacres sont prêtes à être greffées, vient leur détroquage. Détachées des collecteurs, elles sont triées. Si elles sont de la bonne taille, elles sont alors greffées, autrement, elles repartent en élevage. Une nacre met deux ans et demi, environ, à grandir avant d’être greffable.

Greffer une nacre, un exercice bien plus compliqué qu’il n’y paraît…
A première vue, il s’agit simplement de couper la gonade, l’organe reproducteur de l’animal, lui introduire un greffon, petit morceau du manteau de la nacre, ainsi qu’un nucléus, une bille de matière organique sur laquelle la nacre va s’accumuler pour former une perle. Sans une connaissance irréprochable de l’anatomie de la nacre, sans une dextérité et une attention sans faille, ce n’est même pas la peine d’essayer…

Après le minutieux travail de la greffe, il faut encore attendre environ dix huit mois pour avoir une perle. en tout, presque quatre ans de travail sont donc nécessaires pour obtenir une perle.
Après la première récolte, une sur-greffe peut également être faite. Si la première greffe a donné une belle perle, cela signifie que la nacre est toujours en bonne santé et qu’elle peut supporter une autre greffe, donc donner une autre perle de taille plus importante dix huit mois plus tard et ainsi de suite encore deux autres fois.

Cet incessant processus allant de l’élevage, du nettoyage, de la greffe et de la récolte rythme la vie d’une ferme perlière.

Tonnerre de Brest, je vous avais prévenu, totalement invraisemblable. Un article certainement rédigé sous l’emprise de quelques psychotropes, à la demande express de la rédactrice en chef pour satisfaire quelques annonceurs d’un magazine de mode qui auraient pignon sur rue, Place Vendôme. Une histoire toute juste acceptable par quelques demi mondaines et encore.

Non, la vérité, je la tiens d’une jeune fille à la chevelure sans fin qui contemplait sagement l’horizon, assise sur une plage des Tuamotu et qui me confia tout bas:

Les perles ne sont que larmes d’anges, de sirènes, de nymphes mythiques ou de déesses dans des histoires mêlant peine, souffrance et bonheur.

Pour ma part, je préfère m’en tenir la…

Plus tard, cette jeune fille m’avoua son âge que je ne pouvais croire, alors elle me dévoila son plus vieux secret, l’aqua perlata comme seule boisson. Une recette ancestrale venue des médecines chinoises, hindous et arabes, étudiée par les alchimistes de l’Europe médiévale, de la poudre de perles dissoute dans du jus de citron comme un élixir de jouvence.

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3 commentaires

  1. Elles sont vraiment fascinantes avec leur reflets: vert,bleu,aubeergine,cendré et bien d’autres,font que chaqu’une est unique,la magie de la nature.

  2. Les différentes couleurs sont elles dû aux différentes larmes …découragement; tristesse; douleur; angoisse; solitude; frayeur; chagrin; douleur; jalousie; joie; passion; beauté; bonheur; Amour ???

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